NOTES
L’édition originale donne ici le nom de Garibaldi, mais le manuscrit et la seule épreuve corrigée dont on dispose ont « Wiberforce ».
Wilberforce (1759-1833), député du Yorkshire de 1784 à 1812, chef de file du mouvement d’abolition de l’esclavage dans l’Empire britannique qui obtint d’abord le Slave Trade Act (1807, interdiction du commerce des esclaves) puis, à la veille de la mort de Wilberforce, le Slavery Abolition Act (1833, abolition de l’esclavage), fut fait citoyen français par l’Assemblée législative en 1792. Sa présence dans la liste des génies militants, entre Washington et John Brown, est plus logique que celle de Garibaldi.
Celle-ci, qu'on n'a pas retenue parce que rien n’atteste qu’elle ait été voulue par Hugo lui-même, ne s’explique que par l’actualité. Garibaldi avait lancé l’année précédente une grande campagne de collecte de fonds destinée à armer les insurgés prêts à réunir Rome et les Etats pontificaux à la nouvelle Italie. Hugo y souscrit, en novembre, (Au général Garibaldi, Actes et Paroles - Pendant l’exil, 1863) ; elle culmine à Londres en avril 1864 alors même que paraît William Shakespeare.
Or on notera qu’aucune des grandes figures des unités nationales européennes (Kossuth, Mazzini) ne figure dans les listes des génies. Hugo leur était favorable mais en avait compris les dangers dès lors qu’elles renonçaient à la République, s’accommodaient de monarchies et s’offraient ainsi au nationalisme le plus étroit comme ce fut le cas pour la Hongrie, l’Italie et l’Allemagne. Ce furent les puissances de l’Axe; il n’avait pas tort.